Pass carbone — Sixième partie : WWF et Wilderness
Pass carbone — Sixième partie : WWF et Wilderness

Pass carbone — Sixième partie : WWF et Wilderness

Alors que Davos prépare les peuples à l’adoption du pass carbone, il nous a cru bon d’en révéler les origines et enjeux dans un article en huit parties, voici la sixième.

Dans la feuille de route préconisée par le WWF, il est question notamment des services rendus à l’Homme par la nature, tels que le stockage du carbone. En effet, selon le Grand Narratif, la nature aiderait à atteindre la « neutralité carbone ». Souvent invoqué, ce terme implique un équilibre entre le CO2 émis (par l’humanité et ses activités) et le CO2 absorbé par la nature (océans, forêts…) et par des moyens technologiques. De belles opportunités pour les acteurs financiers verts et bleus (marins). La fortune d’un alarmiste comme Al Gore (membre du directoire de Davos et de la société financière verte Generation Investment Management) a ainsi bondi pour atteindre désormais plusieurs centaines de millions de dollars.

Protéger et restaurer les écosystèmes naturels

Ce troisième axe tombe comme un cheveu sur la soupe. Il est pourtant lourd d’implications et constitue le champ qui porte le nom de Wilderness – bien que non précisé comme tel par le WWF. Traduisible en français par « nature sauvage », cette philosophie originaire des États-Unis se traduit en pratique par le souci d’une conservation intégrale de l’environnement. Comme nous l’exposerons dans une autre série d’articles, cette thématique a rapidement basculé officiellement dans l’ « écoconvergence », selon la formule de l’omniprésent Maurice Strong, à savoir une convergence de l’économie et de l’écologie. Avec la première qui serait, c’est entendu, au service de la seconde. Dans les faits, il s’agit d’ouvrir des marchés (aujourd’hui financiers) justifiés par la conservation-restauration d’une part, et d’accentuer contrainte et interdictions en tous genres pour préserver la nature d’autre part. Un éco-business.

Le WWF s’inscrit dans cette approche et demande par exemple le développement d’aires protégées, avec des engagements pris depuis au cours de la COP15 sur la biodiversité – notamment par la Commission européenne. Plusieurs zones, souligne l’ONG, doivent bénéficier de « protections fortes ». Pour les océans par exemple, il est question d’étendre les aires marines protégées, de planifier l’espace maritime, ou encore de régenter – entre autres – la pêche de loisirs. Comme toujours, le WWF se fait le VRP de l’Agenda 2030, avec en particulier l’invocation de la « décennie de la restauration des systèmes » (2021-2030) initiée par l’ONU. L’ONG demande notamment le stockage du carbone et le renforcement des aides à la reforestation. Jamais mieux servi que par lui-même, le WWF s’appuie sur l’un de ses rapports co-élaboré en 2020 avec d’autres ONG, Forêts françaises en crise – Analyse et propositions des ONG de conservation de la nature.

Ce rapport préconise notamment des outils financiers, tels qu’une « adaptation de la fiscalité et des subventions pour répondre aux enjeux de la crise » ou la création de « mécanismes financiers de Paiement pour services écologiques (P.S.E.) en forêt ». Ces mécanismes seraient ensuite étendus aux autres services comme la biodiversité. Et au détour d’une phrase, la révélation du projet collectiviste de la davocratie :

Biodiversité, services et fonctions sociales impliquent une responsabilité dépassant le droit de propriété.

Forêts françaises en crise – Analyse et propositions des ONG de conservation de la nature (page 15)

Il s’agit notamment de revendiquer un accaparement au nom de l’agenda climatique. Par exemple : « les enjeux de la fonction écologique des forêts comprennent la protection de la biodiversité et la naturalité […], facteur de résilience au changement climatique ». Mais c’est ensuite qu’est involontairement admis l’enjeu financier réel que sert le WWF :

La valeur relative attribuée par la société à ces services non-marchands va vraisemblablement augmenter sensiblement du fait des changements climatiques, en particulier les services liés à la ressource en eau (qualitatifs et quantitatifs) et à la fixation du carbone par les arbres en forêt

Forêts françaises en crise – Analyse et propositions des ONG de conservation de la nature (page 16)

Soit une valeur croissante du carbone sur les marchés financiers et l’eau comme enjeu central de l’avenir. Nous dépassons ici les simples crédits carbone, moyen par lequel des entreprises pourraient « compenser » leurs émissions par des investissements dans des projets environnementaux. En effet, le WWF suggère d’aller vers un paiement des services écologiques, de rémunérer les services fournis par les forêts et de s’appuyer sur des « solutions fondées par la nature », une formule choyée par la davocratie. À l’instar du nature-based lobbying, il convient de savoir que ce type de solutions est largement financé par des acteurs privés et leurs incubateurs, à l’image de la plateforme UpLink du Forum de Davos.

En somme, ce passe climatique censé ne pas s’appliquer aux citoyens se traduit en pratique par un flicage de domaines majeurs de la vie publique comme privée. Il constitue une jonction officieuse avec le passe carbone sous d’autres aspects, mais tend toujours vers le même but : la réalisation, coûte que coûte, de l’Agenda 2030.

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