Écocide — Première partie : lame de fond
Écocide — Première partie : lame de fond

Écocide — Première partie : lame de fond

L’écocide venant avec son florilège de contraintes difficiles à imaginer, cet article en dix parties vous en apprendra les origines, les acteurs et les véritables objectifs. Première partie.

L’Agenda 2030 est l’avatar le plus récent – et le plus agressif – d’une politique globale d’asservissement dont la boîte à outils regorge d’idées et de concepts. Une toile d’araignée aux spirales infinies. L’écocide fait partie de ces termes régulièrement évoqués, et dont la répétition crée une accoutumance progressive. Mais si l’estrade environnementaliste s’apparenter – à tort – à un simple spectacle et à de l’agit-prop, de Greta Thunberg aux Soulèvements de la Terre en passant par Extinction-Rebellion, les coulisses révèlent une volonté de judiciariser l’écocide. Une lecture de la notice Wikipédia consacrée à l’écocide fournit d’ailleurs de nombreux éléments pour prendre conscience des tentatives – fructueuses ou non – de son implémentation juridique progressive. À terme donc, il s’agit bien d’en faire un moyen – supplémentaire – de contrainte.

Le terme en lui-même s’applique à la destruction de l’environnement par écophagie, i. e. la consommation (et consumation, ajouterons-nous) d’un écosystème jusqu’à son épuisement. Ici, l’écocide pointe du doigt la surexploitation par des facteurs anthropiques, qui mène(raie)nt à l’épuisement total de l’écosystème en question.

Mais au-delà de réels dégâts environnementaux dus à l’Homme, une étude sous plusieurs aspects de la question écocidaire révèle un sous-jacent assez peu surprenant, que nous pouvons résumer à la phrase choc du Club de Rome de 1991 :

Le véritable ennemi, donc, c’est l’humanité elle-même.

The First Global Revolution

Le concept d’écocide est d’ailleurs contemporain des réflexions néo-malthusiennes de ce think tank. Il émergea en 1970 au cours de la Conférence sur la Guerre et la Responsabilité nationale. Le biologiste Arthur Galston avait alors proposé un accord contre l’écocide engendré par l’Agent Orange utilisé pendant la guerre du Vietnam. Cette idée fut rapidement reprise au cours du Sommet de Stockholm par Olof Palme, alors Premier ministre suédois et proche de Maurice Strong, qui avait dirigé ce Sommet. Au même Sommet, le terme d’écocide a été par ailleurs repris par l’Indienne Indira Gandhi et par Tang Ke (délégation chinoise). Wikipédia rapporte qu’un groupe de travail sur les crimes contre l’environnement a été formé au Sommet de Stockholm, et qu’une feuille de route relative à une Convention sur l’écocide a été soumise à l’ONU en 1973.

Une autre organisation, l’International Fellowship of Reconciliation (IFOR, fondée en 1919), a organisé à Stockholm une convention sur la guerre écocidaire. Plusieurs experts y ont été sollicités, dont Richard A. Falk, qui a élaboré une feuille de route pour une convention sur l’écocide en 1973, déclarant : « l’homme a consciemment et inconsciemment infligé d’irréparables dommages à l’environnement en temps de guerre comme de paix ». Falk dispose et a disposé de nombreuses casquettes. Sourcewatch en recense plus d’une vingtaine 1. Il a été notamment fellow de la Lindisfarne Association, lieu incontournable du New Age, et membre du bureau directeur de la Nuclear Age Peace Foundation, dont le conseil consultatif a accueilli de nombreuses personnalités douteuses comme les néo-malthusiens radicaux Paul Ehrlich, Ted Turner (à l’origine de la United Nations Foundation), Jane Goodall et le Dalai-Lama, ou des écologistes en carton comme l’acteur Harrison Ford.

Un autre expert présent fut Robert Jay Lifton, membre du conseil consultatif de Planetary Citizens. Cette défunte structure New Age, aujourd’hui méconnue, a bénéficié de soutiens de poids, parmi lesquels Maurice Strong et Aurelio Peccei, premier président du Club de Rome. L’objectif de Planetary Citizens est mis en avant au travers de termes choisis :

Faire du sens commun un nouvel ordre mondial – une harmonie entre les peuples et la planète. […] Notre monde a besoin d’un nouvel ordre. Notre avenir est malléable et inconnu même avec les meilleurs logiciels prédictifs. La planification d’un scénario du pire pourrait s’avérer sage, mais rechercher des modèles qui révèlent une auto-organisation naturelle pourrait être d’une meilleure aide. 2

Nous nous trouvons donc en présence d’un écosystème où le New Age est fort prégnant.

Au cours des années 1980, le rapport dit Whitaker a préconisé d’étendre le concept de génocide à d’autres crimes, notamment l’écocide. Il avait été missionné par la Sous-commission à la promotion et à la protection des droits humains (avant 1999, Sous-commission sur la prévention de la discrimination et la protection des minorités), un think tank de l’UNCHR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés). Son rapporteur spécial était le Britannique Benjamin Whitaker. Proche de la Société fabienne, il avait publié en 1968 l’essai Participation and Poverty aux éditions Fabian Society, dans la collection Fabian research series.

Tout au long de ces décennies, nous retrouvons par ailleurs d’autres acteurs, qui se sont ensuite investis dans des ONG sur la question de l’écocide. Deux exemples : 1) le juriste canado-australien Mark Allan Gray en 1996, auteur de The International Crime of Ecocide 2) la juriste environnementaliste Polly Higgins (décédée en 2019) en 2010, qui l’a proposé à l’International Law Commission des Nations unies.

Le lobbying en faveur d’une reconnaissance juridique de l’écocide se poursuit à ce jour. De grands sommets comme la COP26 et la COP27 y consacrent des tables rondes. Au Food Systems Summit de l’ONU de 2021, l’Union européenne a déclaré que la production et la consommation étaient « les principaux moteurs de la crise climatique et d’un écocide imminent ». Une citation qui a été rappelée dans un document de travail de la Commission européenne sur les moteurs de la sécurité alimentaire, daté de janvier 2023. Lors de la réunion préparatoire de Stockholm+50 (2022, pour les cinquante du Sommet de 1972) aux Nations unies, la déléguée à la Jeunesse suédoise et des représentants de jeunes ont demandé de reconnaître comme tel le crime d’écocide. Liste non-exhaustive. En d’autres termes, si la reconnaissance de l’écocide n’est pas encore actée, les pressions en sa faveur se poursuivent. Des ONG aux soutiens nombreux et influents agissent en véritables fantassins, notamment sur le plan juridique. De nombreux éléments que nous passerons en revue dans plusieurs articles de ce nouveau dossier.

1 – Dont le Green Institute et le bureau consultatif de KOSMOS Journal : The Journal for World Citizens and Planetary Civilization, d’essence New Age. En 2009, le sous-titre du journal est devenu « The Journal for Global Citizens Creating the New Civilization ». L’équipe du journal a d’ailleurs lancé la Creating the New Civilization Initiative en 2005. Source Watch rapporte le nom des 14 partenaires fondateurs : « Goi Peace Foundation, The Club of Rome, The Future 500, The World Wisdom Council, The Gorbachov Foundation, the Institute of Noetic Sciences, the World Commission on Global Consciousness and Spirituality, the Chichi Publishing Company, the Kosmos Journal, the Club of Budapest, Pathways to Peace, E-Square Inc., Global Reporting Initiative Forum Japan ». Il s’agit de noms que nous avons déjà vus, pour plusieurs d’entre eux, dans la première partie de notre étude.

2 – L’emploi de ces termes est à contextualiser : dans son documentaire Das Netz, Lutz Dammbeck rappelle l’influence exercée par la pensée cybernétique – issue des conférences Macy qui comprenaient des membres comme Gregory Bateson ou Margaret Mead – dans la contre-culture. Cette influence s’est poursuivie et amplifiée, tant dans ses implications technologiques que dans ses applications à la société en général. L’universitaire Baptiste Rappin, dans son essai Au fondement du management. Théologie de l’organisation, volume 1 (2014), rappelle que ce terme est tombé en désuétude au profit de son synonyme, le management, i. e. la gestion.

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